Révolution au Belarus : l’UE pris en étau

Svetlana Tikhanovskaïa en campagne
Svetlana Tikhanovskaïa en campagne

Le Belarus vie actuellement une grande période de crise.

Pour rappel, tout débute le 9 août 2020, jour d’élection présidentielle au Belarus. Svetlana Tikhanovskaïa, femme au foyer de 38 et unique candidate d’opposition ayant eu le droit de se présenter a réussi, contre toute attente, à ériger un prodigieux mouvement populaire derrière elle. Malgré cela, le président sortant Alexander Loukachenko fut réélu pour la 6ème fois avec 80,08%1. A partir de là, le caractère frauduleux fut attesté. Ainsi s’est déployé dans les jours suivants une puissante vague de contestation pacifique rassemblant des milliers de bélarusses. Très vite, le régime a mis en place une répression systématique des opposants.

 

Il serait réducteur de penser ce conflit uniquement au prisme de l’opposition populaire interne du Belarus. Cette révolution à, malgré elle, très rapidement outrepassée les frontières de ce pays d’Europe de l’Est étant considéré comme la « dernière dictature d’Europe »2 par les occidentaux.

 

Dans ce conflit, l’Union Européenne est vivement critiquée pour son inaction, se contentant qu’à des sanctions symboliques.

 

Tout d’abord, l’Union européenne était consciente bien avant le jour de l’élection que cette dernière n’allait pas être équitables. En effet, durant le mois de juillet, le régime de Loukachenko a décidé de retirer l’accréditation des journalistes européens les expulsant du pays. A partir de là, cela laissez d’ores et déjà présager un manque de transparence du scrutin.

 

A l’annonce des résultats, les chefs d’Etat européens vont uniquement condamner de manière orale les résultats de l’élection. Une semaine plus tard, le 19 août, le Conseil Européen va officiellement ne pas reconnaître la légitimité d’Alexander Loukachenko comme président du Belarus sans pour autant prendre des mesures pour rétablir la justice dans ce pays.

 

Malgré les vagues de contestation et la répression systématique des manifestants, l’Union Européenne patienter jusqu’au 2 octobre 2020 pour prendre des sanctions à l’égard du régime. Ainsi l’UE va geler les avoirs, et sanctionner de visas les proches de Loukachenko. Au total, après les élargissements de sanction en fin d’année 2020, 88 personnes sont inscrites sur cette liste de sanction, y figure entre autres Alexander Loukachenko et son fils. Mais ces sanctions semblent dérisoires et ne vont, évidemment, pas permettre de faire chuter le régime. Finalement, ces sanctions sont bien plus importantes pour les institutions européennes afin de revendiquer et démontrer leurs valeurs plutôt que d’adopter de réelles mesures efficaces contre le régime autoritaire.

 

On peut aussi citer le prix Sakharov3 remis aux « femmes et hommes de l’opposition démocratique au Belarus » le 12 décembre 2020. C’est le prix symbolique par excellence venant récompenser des personnes et/ou organismes consacrant leur lutte à la défense des droits de l’homme et des libertés fondamentales. L’UE montre son soutien au peuple bélarusse et permet ainsi de renforcer la crédibilité et la visibilité du mouvement d’opposition encouragé dans sa lutte pour la démocratie

 

 

Ces sanctions et soutiens ne restent que symboliques et ne permettent pas de faire chuter le régime. En effet, neuf mois après le début du conflit, la situation semble plus enlisée que jamais et le brouillard n’est pas près de se lever.

Svetlana Tikhanovskaïa lors de la remise du prix Sakharov le 12 décembre 2020
Svetlana Tikhanovskaïa lors de la remise du prix Sakharov le 12 décembre 2020
Charles Michel, président du Conseil Européen
Charles Michel, président du Conseil Européen

Cependant, les premières critiques vers l’Union Européenne sont exagérées.

 

Premièrement, l’UE joue un rôle dans l’accueil des opposants, devenant terre d’asile de l’opposition. La Lituanie et la Pologne sont les deux pays accueillant le plus d’exilé. La proximité géographique l’explique ; ainsi, l’opposition poussées à l’exil peut compter sur le soutien inconditionnel des pays baltes et de la Pologne. Par exemple, le siège de la figure de proue de l’opposition Mme Tikhanovskaïa se trouve en Lituanie qui lui offre locaux et matériels ; pour sa part, la Pologne accueil et finance le principal média d’opposition « Nexta » diffusant les images authentiques des manifestations et servant d’intermédiaire entre ceux de « l’intérieur » et ceux de « l’extérieur ».

 

De plus, l’Union Européenne a mis en place depuis de nombreuses années des soutiens financiers à destination d’ONG et médias. On peut prendre l’illustrer avec le « EU4Belarus », un fond de solidarité de 30 millions d’euros à destination de la société civile, de la jeunesse ou encore de la santé.

 

Les observateurs ont vivement critiqué la faiblesse des sanctions mais, l’histoire vient le justifier. Effectivement, l’UE a déjà mis en place des sanctions contre le régime de Loukachenko depuis 2004 ; cependant, ces sanctions successives n’ont jamais permise de faire faillir le cafard4. Le régime ne fut jamais atteint par ces sanctions : Loukachenko prévenait, et prévient aujourd’hui encore les occidentaux que prendre des sanctions économiques contre son pays serait inutile puisqu’il viendrait compenser cette perte d’argent sur la population bélarusse via des diminutions d’aide sociales par exemple. Ainsi prendre des sanctions contre le régime serait contre-productif puisqu’elles se répercuteraient directement contre le peuple du fait de la stratégie impitoyable de l’actuel président.

 

La stratégie du président Loukachenko vient tirailler l’UE entre ses convictions et ses intérêts.

 

 

Loukachenko agit internationalement comme une dictaplomatie5 ; c’est-à-dire qu’il va déployer une politique étrangère mutivectorielle oscillant entre UE et Russie dans le but de les mettre en compétition afin d’obtenir le meilleur accord. Cette stratégie explique aujourd’hui la situation délicate de ces l’Union Européenne qui possèdent des intérêts vis-à-vis du Belarus.

Alexander Loukachenko, président autoritaire du Belarus
Alexander Loukachenko, président autoritaire du Belarus

C’est ainsi qu’il va faire du chantage et menacer l’Union Européenne. Loukachenko fait chanter les dirigeants européens en affirmant qu’en cas de sanctions contre son pays il romprait tout contrat économique et se tournerait vers la Russie, la Chine ou encore l’Iran, concurrents économiques de l’Union Européenne. Autre exemple, le « dernier dictateur d’Europe » menace d’ouvrir entièrement ces frontières aux migrants, ayant une frontière commune avec la Lettonie, la Lituanie et la Pologne, cela pourrait avoir des conséquences dramatiques sur l’arrivée de migrants dans l’Union qui a déjà du mal à contrôler le flux de migrants. Il intimide les européens en affirmant rediriger les cargos des ports baltiques vers des ports russes : il joue sur les accords commerciaux d’échange de gaz naturel présent en quantité au Belarus pour priver les pays baltes de recettes industrialo-portuaires importantes. Loukachenko a pu montrer qu’il était capable de mettre à exécution ces menaces : En octobre 2020, le président a exclus de son pays les ambassadeurs allemands, tchèques et ceux des pays baltes soutenant fortement l’opposition.6

 

L’Union européenne est ainsi prise en étau, tiraillée entre d’un côté Svetlana Tikhanovskaïa suppliant de prendre des sanctions, combat que l’UE partage moralement ; et de l’autre Loukachenko menaçant les intérêts propres de l’institution par le chantage et la menace. Une issue à cette crise est loin d’être trouvée tant qu’aucun acteur ne faibli et ne possède de moyens de pression réciproques.

 

 

Pour terminer finir il est intéressant d’étudier l’évolution du désir d’entrée du peuple bélarusse dans l’Union européenne. Ce taux a nettement augmenté. Ce taux reste cependant bien en dessous de 50% (35% selon des sondages). Malgré tout, les chances d’intégration du Belarus dans l’UE sont infimes, ils n’ont quasiment pas de liens hormis économiques avec les pays occidentaux. Ce pays est encore bien plus proche de la Russie, que ce soit au niveau linguistique, culturelle ou historique.

Opposants au régime lors d’une manifestation pacifique à Minsk le 14 août 2020
Opposants au régime lors d’une manifestation pacifique à Minsk le 14 août 2020

Note

1 Elections en Biélorussie : la principale opposante récuse la victoire du président sortant, des heurts éclatent à Minsk (francetvinfo.fr)

2 De nombreux acteurs politiques occidentaux ont déclaré le régime de Loukachenko comme la dernière dictature d’Europe comme par exemple, la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a déclaré en 2005 que le Belarus "est vraiment la dernière dictature au centre de l'Europe" Bélarus : Etats-Unis<br>et Russie divergent (nouvelobs.com)

3 Le prix Sakharov des droits de l’homme est un prix de l’Union européenne décerné pour honorer les personnes ou les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits de l'homme et des libertés fondamentales. L’opposition démocratique au Bélarus reçoit le prix Sakharov 2020 | Actualité | Parlement européen (europa.eu)

4 Surnom donné par Sergueï Tikhanovski, mari de Svetlana dans sa campagne début 2020 « Ecrasez le cafard ! », ce surnom est très vite devenu viral et populaire au sein de l’opposition bélarusse Belarus: Could slippers topple a president who has been in power for 26 years? | World News | Sky News

5 Terme employé par Anaïs Marin (rapporteure spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Biélorussie) pour qualifier la manière dont les régimes de l’Eurasie post-soviétiques se comportent dans les relations internationales avec comme finalité la survie du régime, voire sa consolidation.

 

6 Le régime de Loukachenko a expulsé des ambassadeurs de leurs résidences pour les pousser à quitter le pays. Minsk: les diplomates claquent la porte. Expulsés de leurs résidences, ils quittent la Biélorussie. – Libération (liberation.fr)

Arnaud VAN-CAMP 

Mai 2021

L'opposition bélarusse, un mouvement singulier

Article tiré du Think Tank Eurocréative, rédigé par un membre de Visions d'Europe, publié le 12 avril 2021

Voici le lien :

L'opposition bélarusse demeure active plusieurs mois après le début des manifestations contre Lukashenka. Elle est cependant à un tournant.

Cela fait désormais plus de huit mois qu’une crise politique sans précédent a débuté au Bélarus. Pour rappel, celle-ci commence officiellement le 9 août 2020, jour d’élection présidentielle. Malgré le puissant mouvement populaire rassemblé derrière Svyatlana Tsikhanouskaya des semaines durant, le Président sortant Alyaksandr Lukashenka est réélu avec près de 80% des voix, et ce pour la 6ème fois consécutive. Le caractère frauduleux de cette élection ne fait aucun doute et une puissante vague de contestation se déploie le soir même. Déterminée, elle perdure tant bien que mal jusqu’à ce jour, malgré la violence de la répression.

Le régime de Lukashenka est un régime autoritaire, parfois considéré par les Occidentaux comme la « dernière dictature d’Europe ». Face au mouvement de contestation, les autorités ne font pas dans la dentelle: détentions arbitraires et violentes, enlèvements, viols et meurtres. Le gouvernement met ainsi en place un contrôle total et dissuasif sur le pays par le biais d’un réseau structuré de forces de l’ordre et de sécurité. 

Les figures de l’opposition font également les frais de cette répression. Ces dernières intimidées, parfois violentées, ont alors généralement eu le choix entre l’emprisonnement ou l’exil. Une issue terrible pour une opposition issue en grande partie de la société civile et qui avait fait du pacifisme le maître mot de sa mobilisation.

Au fil des mois, l’opposition bélarusse se structure singulièrement, employant des stratégies peu communes qui déroutent dans un premier temps le régime et ses sbires. Malgré l’exil des principales figures, le mouvement d’opposition perdure de par des techniques inventives, organisées à la fois depuis l’étranger mais aussi localement grâce à des techniques d’auto-organisation innovantes. Le tout renforcé par le soutien d’une partie de la communauté internationale.

Une opposition emprisonnée ou en exil qui cherche à maintenir une pression constante

Créé dès le 14 août 2020 par Svyatlana Tsikhanouskaya, le Conseil de Coordination du Bélarus (CCB) représente l’opposition politique bélarusse. Riche de 5 517 membres, ce collectif est dirigé par un Présidium, un conseil d’administration, composé de 7 membres. Toutefois, aujourd’hui et depuis de longs mois déjà, plus aucun membre du Présidium n’est actif au sein du Bélarus.

La stratégie de Lukashenka est de mettre à l’écart ces opposants. Soit en les contraignant à l’exil afin de les délégitimer face au peuple. C’est le cas d’Olga Kovalkova et de Pavel Latushko – ancien Ambassadeur du Bélarus en France entre 2012 et 2019 – en Pologne ou bien évidemment de Svyatlana Tsikhanouskaya et de son équipe en Lituanie. Soit en les emprisonnant lorsqu’ils refusent l’exil comme Maria Kalesnikava ou Maxim Znak. Il y a bien une exception, celle de Liliya Vlasova, qui demeure au Bélarus sous étroite surveillance.

Cette opposition disséminée a été contrainte de s’organiser afin de pouvoir mener à bien son objectif final : mettre un terme au régime de Lukashenka. Pour cela l’opposition tente de maintenir les contacts avec l’intérieur en créant des ‘ponts’ avec celles et ceux qui continuent le combat depuis l’intérieur. Le CCB s’est ainsi allié avec différents organes logistiques internes et externes au Bélarus pour mener à bien la circulation de l’information ainsi que l’organisation, le développement et le financement de l’opposition. Ces liens s’illustrent souvent par le soutien financier à des mouvements de solidarité ou encore par des chaînes d’informations servant d’intermédiaires à l’opposition en exil. On l’a vu par exemple lors de l’appel à la grève générale lancé via la chaîne “Un pays pour la vie” ou encore “Nexta” par Svyatlana Tsikhanouskaya.

Les leaders de l’opposition, désormais établis à l’étranger, peuvent également compter sur le soutien des membres élargis du Conseil de Coordination qui agissent encore à l’intérieur du pays. Ces derniers appliquent localement les décisions prises par les 70 membres principaux mettant en place les différentes actions initiées depuis l’étranger.

Compte tenu des développements de ces derniers mois dans la région, il est possible de comparer les méthodes et stratégies utilisées par l’opposition bélarusse – et notamment par Svyatlana Tsikhanouskaya – et celle d’Alexeï Navalny en Russie. En effet, la stratégie de l’opposant russe est tout à fait différente puisque ce dernier a décidé de revenir au pays malgré une peine d’emprisonnement et en dépit des risques pour sa propre vie. Si la stratégie de Tsikhanouskaya est plus prudente et réfléchie, cherchant à structurer l’opposition notamment via des appuis étranger, son pouvoir de mobilisation envers les manifestants bélarusses pourrait être de plus en plus compliqué.

 

L’auto-organisation, élément incontournable de l’opposition bélarusse au niveau local

À première vue, on pourrait penser que l’exil des figures de l’opposition aurait produit un essoufflement et une désorganisation des manifestations ; une hypothèse qui fut d’ailleurs au centre de la stratégie de Lukashenka. Néanmoins, malgré la vacance totale du Présidium, les manifestations se sont poursuivies durant l’automne et l’hiver. 

 

Les actions du CCB sont certes importantes, mais les manifestants du Belarus ont rapidement assimilé la nécessité de s’auto-organiser en petits groupes à l’échelle locale devant les actions répressives du régime. En effet, les autorités ont tout fait pour enrayer la communication entre opposants internes et externes, notamment avec la coupure du réseau Internet le jour des manifestations ou encore la fermeture des frontières empêchant toute communication prolongée. Au Bélarus, le mouvement de contestation se veut horizontal, par quartier, de proche en proche. Les grandes contestations se sont ainsi transformées au fil des semaines en petits groupes mobiles, souvent organisés à l’échelle locale, permettant d’échapper à la stratégie d’arrestations massives des forces de l’ordre. 

De son côté, l’opposition en exil s’est donnée pour mission de donner un tempo général à ces mobilisations. Ce fut le cas notamment avec l’appel à la grève générale lancé par Svyatlana Tsikhanouskaya suite à l’ultimatum adressé à Lukashenka en octobre, le sommant de quitter le pouvoir le 25 octobre. C’est donc elle qui a impulsé un nouveau mode d’action depuis l’étranger demandant aux ouvriers de faire grève, dans le but d’étouffer économiquement le régime. Un appel à distance qui a été étendu, puisque le lendemain, 100 000 manifestants défilaient dans les rues de Minsk. Cependant cette grève n’a pas obtenu l’impact initialement prévu dans le mesure où les ouvriers, menacés par le régime, se sont résignés à ne pas prendre part à la grève afin d’éviter le licenciement. Cependant, cet appel a permis de donner un second souffle à une opposition dans les rues depuis plusieurs semaines déjà.

Un essoufflement assez important s’est tout de même fait sentir durant la période hivernale alors que les conditions climatiques rendaient la mobilisation de plus en plus difficile. Quatre mois après la révolution des pantoufles, le nombre de manifestants a fini par chuter. Le régime a alors profité de ce creux pour accentuer sa répression contre les quelques centaines de manifestants. Le 20 février dernier, Tsikhanouskaya osait même déclarer « Il semble que nous avons perdu ». Longtemps optimiste, l’opposante admettait alors avoir perdu le combat de la rue face au régime.

Cependant, son combat ne s’arrête pas là pour autant alors qu’elle planifie de réorganiser la révolution avec l’arrivée du Printemps, lorsque le peuple sera prêt à redescendre dans la rue. C’est ainsi que cette dernière a invité les citoyens bélarusses à une sorte de référendum en mars dernier, les sollicitant à se mobiliser pour demander des négociations avec le régime. Cette initiative fut rapidement un succès puisque quelques jours après sa mise en ligne plus de 700.000 citoyens s’étaient déjà exprimés favorablement. Ainsi l’opposition en exil redonne le rythme nécessaire pour réamorcer la mobilisation générale dans les semaines à venir.

La reconnaissance internationale, une nécessité pour l’opposition bélarusse

Comme nous le mentionnions auparavant, la stratégie de l’opposition bélarusse en exil est également d’assumer un travail de reconnaissance internationale. À ce niveau, l’opposition bélarusse a remporté plusieurs succès symboliques. On peut citer plusieurs exemples : l’annulation du Mondial de hockey-sur-glace au Bélarus à l’hiver, sport de cœur du Président et élément de propagande assumé depuis de nombreuses années, la création d’Ambassades du « Bélarus libre » dans 16 différents pays témoignant le soutien international à l’égard de cette opposition ou encore l’obtention du Prix Sakharov décerné aux « femmes et hommes de l’opposition démocratique au Bélarus », en l’honneur de leur combat pour la défense des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Ces différentes récompenses aussi symboliques soient-elles ont permis de donner de la crédibilité et de la visibilité au mouvement d’opposition auprès du grand public, notamment des sociétés civiles occidentales.

En parallèle, c’est notamment l’équipe de Svyatlana Tsikhanouskaya qui a assuré un travail de reconnaissance au sein de la communauté internationale. La personnalité symbolique de l’opposition bélarusse a ainsi multiplié les rencontres que ce soit avec les Chefs d’État – comme Emmanuel Macron lors de sa visite à Vilnius à l’automne 2020 – les Ministres et figures de la diplomatie internationale ou encore les Parlementaires de plusieurs Etats. Sans oublier les entrevues dans les principaux journaux ou les rencontres et débats organisés par divers think-tanks. 

Ainsi, si ces succès restent essentiellement symboliques, ils permettent de maintenir une médiatisation active de la crise politique en cours au Bélarus. Cependant, les résultats concrets de ce travail de fond se font attendre alors que le soutien international à la société civile bélarusse reste – à de rares exceptions – trop limité. L’opposition, active depuis près d’un an, ne devra pas manquer le tournant de la remobilisation du Printemps auprès de la société civile comme de la communauté internationale. Si elle n’y parvient pas, alors elle aura probablement perdu face à Lukashenka. En attendant, celle-ci devrait nécessairement évoluer ces prochaines semaines alors que différents courants politiques se dégagent. Après l’opposant et prisonnier politique Vyktar Babaryka, c’est Pavel Latushko qui a annoncé la création d’un parti politique.

Arnaud VAN-CAMP

Avril 2021